Les questions

Les questions

DYSPRAXIE TSA ET BILINGUISME

Question de Marie-Chantal

Bonjour,

Dans le cas d’une dyspraxie verbale chez un enfant qui est éduqué en anglais à la maison mais en français à l’école, quels facteurs influencent le choix des phonèmes qui seront travaillés? L’enfant a 5 ans et son « jargon » ressemble plutôt à de l’anglais (accent, sons prononcés). Il a aussi une problématique TED.

Dois-je choisir des phonèmes de l’anglais? Ou commencer par travailler les sons qui sont les mêmes dans les deux langues? Les bilabiales sont acquises en isolé et dans certains mots fréquents comme bébé ou maman, mais même les voyelles sont difficiles à reproduire pour l’enfant.

L’enfant imite beaucoup et se fâche puisqu’il nous raconte des événements et qu’on ne saisit pas un mot de ce qu’il dit. Le PECS a été tenté en attendant de travailler plus à l’amélioration de l’intelligibilité, mais il se fâche puisque les images ne sont pas suffisantes à exprimer son message.

Merci de votre aide!
Marie-C, orthophoniste


Réponse de Line Charron

Bonjour M-C …la réponse et difficile car il s’agit d’un cas complexe : Trouble du spectre autistique + Dyspraxie verbale = bilinguisme . Davis et Velleman répondraient que le premier but à atteindre est une communication fonctionnelle peut importe le mode. Un mode de communication alternatif est certainement une bonne idée… je n’en suis pas une spécialiste mais je sais qu’actuellement le IPAD offre en anglais plusieurs possibilités d’applications pour la communication… En fançais il y en a quelques unes.

Le langage signé si possible pourrait être une autre avenue (honnêtement avec un enfant ayant des possibilités de parole ça marche peu selon MON expérience…). Y a-t-il par chez vous des spécialistes en communication non orale qui pourrait apporter de l’aide?

Pour les langues… oui c’est une excellente idée de travailler les phonèmes communs aux deux langues mais il faut garder en tête que la généralisation est quand même difficile et doit être travaillée avec un enfant présentant une dyspraxie verbale.

Il peut être intéressant de travailler aussi les phonèmes les plus stimulables et passer aux syllabes et mots le plus vite possible. Tu pourrais certainement travailler avec l’approche de « core vocbulary » un noyau de vocabulaire de base en anglais et en français parmi les plus utiles et avec les phonèmes de son inventaire dans chacune des langues.

Sûrement qu’il faudra mettre ensemble plusieurs options pour cet enfants : Communication alternative + travail de la parole + core vocabulary + … ??!!

Bonne chance …J’espère avoir minimalement supporté ta réflexion ,
Cordialement,
line Charron MOA

LIVRES EN FRANÇAIS

Question de Madame Claudine

Bonjour, pouvez-vous me recommander des ouvrages disponibles en Français pour la rééducation d’un enfant dyspraxique grand (12ans) déjà suivi en rééducation depuis plusieurs années.
Merci d’avance.
CDY


Réponse de Line Charron
Bonjour Madame Claudine … malheureusement outre l’article dans Glossa en français je n’en connais pas !!!!!! si vous le désirez vous pouvez m,adresser des questions plus précises !!! Je tenterai de vous aider et je pense même à faire de petites chroniques à partir de vos idées de thèmes …
Je connais des resources en anglais cependant …
Merci bcp de votre intérêt …
Line :)

SYMBOLES API

Question de Pauline

Bonjour,

J’ai une question très technique:
Dans un rapport, quel caractère/lettre puis-je utiliser pour transcrire un sigmatisme latéral (voisé et non-voisé) qui affecte toutes les fricatives ?

Merci d’avance pour votre aide et merci pour ce site fantastique!


Réponse de Line Charron

Merci Pauline de ta question …
en fait sur le tableau de l’API internationale la latéralisation s’écrit selon quelle est non- voisée ou voisée de la façon suivante [ɬ] ou [ɮ]. Tu peux te référer au site de l’API international que tu trouveras dans les liens pour même aller écouter ces sons ….
Line charron :)

INDICATEURS POUR DIAGNOSTIC DE DYSPRAXIE VERBALE

Question de Isabelle G

Bonjour Line,
Voici donc ma question

» je vois un enfant depuis 1an 1/2  (30taines de rencontres) et qui a maintenant 6 ans.  Est-ce que l’inconstance des productions et les erreurs de séquences sont des critères obligatoires pour conclure à une dyspraxie?

L’enfant qui fait l’objet de ma question respecte les structures des mots et est généralement constant dans ses erreurs (peu importe les contextes).  Toutefois, la prosodie est particulière (il finit généralement ses énoncés en montant de fréquence) ainsi que le rythme (il répète souvent la dernière syllabe ou le dernier son du dernier mot de son énoncé en prenant une nouvelle inspiration ex.: « J’ai mangé,   é, et après, è, j’ai bu. » ).  Il fait aussi les transformations suivantes qui affectent de manière significative son intelligibilité: -antériorisation des palatales et  des vélaires (belle évolution avec la rééducation; ces erreurs sont occasionnelles maintenant en contexte spontané; en voie d’acquisition) -erreurs de voisement/dévoisement sur plusieurs consonnes fricatives et occlusives (très résistant à la rééducation)                                                                           �
Son langage est globalement dans les normes.  Il a été vu dernièrement en ergothérapie et l’ergothérapeute voit des traits de dyspraxie mais les performances de l’enfant ne correspondent pas toutes à ses critères de dyspraxie et l’enfant évoluerait très bien depuis le début de son suivi.

En outre, j’ai fait passer à l’enfant quelques items du VMPAC et j’ai noté que les petites séquences de mouvements oro-faciaux étaient adéquates mais que l’enfant ne réussisait pas parfaitement toutes les séquences de phonèmes isolés et de syllabes couplées; ses productions étaient parfois laborieuses ou il rajoutait des « h » aspiré entre les items à répéter.  Il ne changeait toutefois pas la structure des syllabes.

Je dois conclure bientôt et je suis tentée de conclure à une dyspraxie verbale mais comme l’enfant respecte la structure des syllabes dans les mots et que ses erreurs sont constantes (productions prévisibles) j’hésite…
Pouvez-vous m’éclairer?
Merci !

Isabelle G
Orthophoniste


Réponse de Line Charron

Bonjour Isabelle, désolée de répondre tardivement et merci de ta question que tu n’es pas seule à te poser concernant les critères diagnostiques.

En fait… c’est vraiment un ensemble de critères qui fait qu’on arrive à un diagnostic de dyspraxie verbale. Oui l’inconstance des productions
est très fréquente chez l’enfant présentant une dyspraxie verbale parce qu’à la base les problèmes touchent la planification des mouvements. Oui les erreurs affectant la séquence des mouvements (se traduisant par l’ordre des syllabes et des phonèmes) est fréquemment touchée.

Il faut cependant garder en tête qu’il y a plusieurs types d’erreurs qui se retrouvent à la fois chez l’enfant présentant une atteinte praxique et chez l’enfant présentant une atteinte phonologique plus typique.

Il faudrait établir un tableau plus complet pour pouvoir s’avancer sur le diagnostic différentiel de cet enfant. Peut-être manque-t-il des informations pour conclure? Il serait intéressant d’enrichir les informations sur ses habiletés de perception phonologique par des tâches d’identification des contrastes phonologiques pour les phonèmes qui sont transformés (traditionnellement appelé discrimination auditive, ce qui n’est pas tout à fait juste car discrimination = pareil / pas pareil ….). Je reviendrai sous peu avec un petit « texte » pour parler du diagnostic différentiel et de certaines tâches d’évaluations pouvant nous aider.

Pour conclure… je ne me sentirais pas à l’aise pour l’instant de me positionner sur le diagnostic de dyspraxie verbale. Il importe d’aller appuyer les impressions cliniques d’une analyse approfondie des indicateurs ayant permis d’arriver à cette conclusion … si cela peut te donner une idée, je te cite un cours exemple d’une façon d’appuyer l’impression clinique…:

PAROLE ET PHONOLOGIE => …il ressort de façon assez claire que les productions phonologiques de l’enfant XX comportent plus d’erreurs avec l’allongement du mot, de l’énoncé ou dans des contextes plus spontanés.
Sur le plan de la structure syllabique, l’enfant XX est capable de produire des mots comportant jusqu’à 3 syllabes, les 4 syllabes sont plus rares. Il est très laborieux pour elle de respecter la structure syllabique de mots nouveaux, plus complexes (ex. : avec groupes consonantiques) ou plus longs. Même avec plusieurs formes d’aide, elle a besoin de beaucoup de pratique pour arriver à respecter la structure syllabique de ces mots.
Sans avoir évalué formellement la constance des productions, certaines inconstances sont notées ex camion /samjↄ̃/ /klamjↄ̃/ – hélicoptère /kↄptԑʁ/,/nekata/.

Plusieurs indices sur le plan phonologique, nous laissent suspecter la présence de difficultés praxiques affectant la parole de l’enfant XX :
-accroissement significatif des erreurs avec allongement ou complexification des mots ou énoncés; présence de complexifications, d’inconstances, de transformations des voyelles, grande amélioration de ses performances en ralentissant le rythme; pour sa part, l’amélioration avec un indice sur le mouvement à produire est variable. Les patrons d’erreurs affectent davantage la structure syllabique et les aspects phonotactiques.
D’autres indicateurs de dyspraxie, reliées à l’histoire de développement et au MOP s’ajoutent : Persistance d’un léger manque de contrôle salivaire; difficultés importantes aux séries diadochosinésiques; babillage tardif vers 12 mois; mots acquis perdu; aucune particularité n’a été notée au niveau de l’alimentation.

Alors je suis bien consciente Isabelle que ma réponse est partielle mais je l’espère toutefois « aidante »
merci BCP !!!!!!!
Line Charron MOA

PRONOSTIC

Question de Madame Couture

Bonjour,

De manière générale, est-il possible qu’un enfant de 4 ans, en rééducation pour une dyspraxie verbale, visiblement peu atteint par toute autre déficit , handicap ou désordre, ne présente absolument aucune amélioration au cours de 14 semaines de traitement en orthophonie ? Aussi, à partir de quel âge, environ, un tel diagnostique peut-il être confirmé et par quel professionnel ?

Merci à l’avance,

madame Couture
Professeur de Techniques d’éducation à l’enfance

 


Réponse de Line Charron

Bonjour madame Couture…

Il manque beaucoup d’information pour pouvoir répondre clairement à votre question mais je pourrais peut-être vous donner quelques facteurs qui influencent le pronostic:

1- Tout d’abord évidemment le degré de sévérité de l’atteinte=> plus l’atteinte est sévère plus les progrès peuvent être lents. Avec l’enfant qui présente une DV (dyspraxie verbale) importante, il faut parfois mesurer le progrès à petit échelle. Voici un Exemple de progression inspiré du ‘réel’ pour illustrer mon propos: Gabriel (nom fictif) réussit le son /v/ en isolé (seul) avec l’aide de plusieurs indices=> il réussit le /v/ avec la voyelle /i/ dans /vi/ AVEC l’aide d’indices => /v/ avec plusieurs voyelles différentes AVEC aide d’indices => /v/ dans les mots suivants …… AVEC indices => /v/ dans les mots suivants SANS indices => /v/ dans un énoncés à 2 mots avec aide d’indices puis sans indices puis en situation de langage spontané etc…. alors il faut parfois beaucoup de temps avant que les progrès réalisés en orthophonie se traduisent clairement en langage « courant ». MAIS on y arrive la plupart du temps…. et une fois les premiers apprentissages amorcés, le reste progresse un peu plus rapidement.

Voici d’autres éléments importants qui peuvent influencer le rythme des apprentissages:

2- la collaboration, l’attention et la motivation de l’enfant
3- ses habiletés cognitives
4- les autres atteintes langagières associées
5- l’intensité du suivi en orthophonie + les techniques utilisées (usage des principes d’apprentissage moteur mixés aux considérations linguistiques)
6- Le suivi à la maison et dans le milieu de garde
7- Une fois les premiers schèmes d’apprentissages moteurs débutés, les sons suivants s’acquièrent plus facilement et plus rapidement.
8- la maturation neurologique influence aussi les apprentissages.

J’espère que ces éléments vous apportent un éclaircissement et je vous encourage évidemment à adresser aussi la question à l’orthophoniste traitante qui pourra répondre en fonction de l’enfant à qui elle offre un suivi.

Merci de votre intérêt,
Line Charron

MÉTHODES D’INTERVENTION ET EFFICACITÉ

Question de Mélanie, étudiante à la maitrise

Je me permet de recopier une question provenant du FORUM orthophonie-Québec le 24 mars 2011:

Bonjour, je suis étudiante à la maitrise en orthophonie et je travaille actuellement sur un séminaire sur la dyspraxie verbale et j’aimerais avoir votre avis sur l’approche/technique qui est utilisée dans vos milieux pour traiter ce trouble. Ce qui semble être utilisé:
– La stimulation intégrale
– la dynamique naturelle de la parole
– Le prompt
– l’approche exposé dans les formations de Line Charron
– Beckman?
– Adpated cued technique?

Avez-vous un point de vue critique? Qu’est-ce qui fonctionne à votre avis?
Merci beaucoup pour vos réponses!!


Réponse de Line Charron

Bonjour ….
Je trouve ta question vraiment intéressante et si tu me permets je vais tenter de clarifier un peu plus en détail comment je vois les choses…
Dans l’intervention en dyspraxie verbale (DV), il a d’abord été reconnu (voir lignes directrices de l’ASHA 2007, <a href= »http://www.asha.org/docs/html/TR2007-00278.html) » qu’il était essentiel de connaitre et d’appliquer les principes d’apprentissage moteur dans le traitement en DV. Ce sont ces principes qui doivent diriger l’intervention pour agir sur les troubles de la planification motrice… sans oublier cependant de traiter les aspects phonos si atteints, J’y reviendrai plus bas…

La stimulation intégrale ou le DTTC (Dynamic temporal and tactil cueing, c est le nouveau nom) de STRAND est une méthode d’intervention qui intègre ces principes à la rééducation en orthophonie. Il y a d’ailleurs au moins une étude d’efficacité de cette méthode (Strand, E., & Debertine, P. (2000). The efficacy of integral stimulation intervention with developmental apraxia of speech. Journal of Medical Speech-Language Pathology, 8, 295–300), qui est reconnue de façon très unanime. Dans mes formations ce que je présente est une adaptation de cette méthode auquel j’ai inclus d’autres principes pour guider l’intervention : l’approche hiérarchique de Shelley Velleman, l’usage des principes d’optimisation des apprentissages moteurs, différentes façons/techniques pour fournir des indices.

L’approche hiérarchique de Velleman pour sa part permet de préciser le choix des cibles phonétiques, syllabiques et phonotactiques (selon le contexte articulatoire) à travailler et explique comment le faire. Elle ajoute ou allie, l’aspect linguistique à l’aspect moteur et est très aidante dans la façon de choisir nos cibles (mots).

Les principes d’optimisation que j’ajoute dans mes formations font en fait, parti de la stimulation intégrale, mais j’ai tenté de les rendre plus explicite, car ils n’étaient pas définis de façon assez claire pour moi dans cette méthode. Ces principes d’optimisation font en fait partie des principes d’apprentissage moteur (Schmidt : pratiques répétitives, la variabilité dans les pratiques, la fréquence, l’ajustement du niveau de la tâche, les types de feedbacks à offrir, l’ajustement du niveau de la tâche)

Les indices pour leur part permettent de mieux encoder et préciser (fournir plus d’infos) les mouvements ou les séquences de mouvements travaillés. Pour cela il existe une foule d’outils (DNP-Gestes de Borel Maisonny, gestes style Prompt etc) et aussi notre propre créativité ;-) ))

Avec Andréa MacLoed PhD ULaval, nous avons abordé les choses un peu autrement dans l’article de Glossa 2010, en décrivant TROIS ASPECTS CLÉS dans l’intervention : les indices, l’organisation des pratiques et le choix des cibles. Les principes d’intervention cités plus haut s’intègrent dans ces aspects. http://www.glossa.fr/. ((J’en profite pour souligner qu’Andréa fera une présentation à l’école d’été de l’université Laval, le 13 juin pm sur ses résultats d’étude sur l’acquisition des consonnes en français québécois et sur le diagnostic différentiel trouble phono vs dyspraxie. (Il y a d’autres bonnes conférences aussi…voirhttp://w3.fmed.ulaval.ca/readaptation/index.php?id=1015))

Pour terminer je voudrais juste ne pas oublier de dire que dyspraxie et atteinte phono sont souvent présent ‘ensemble’ à des degrés différents car ces deux aspects sont totalement interdépendants… à ne pas oublier dans l’intervention ;-)
Bonne journée!
Line