INDICES DANS L’HISTOIRE DE DÉVELOPPEMENT

Le 6 février 2012

Sujet: INDICES DANS L’HISTOIRE DE DÉVELOPPEMENT

Bonjour,
D’abord, merci pour la construction de ce site. Il est déjà une excellente référence.
Comme vos réponses sont si intéressantes, j’ose vous posez une question.

Actuellement, je soupçonne une dyspraxie verbale chez 3 de mes jeunes clients (le premier a 2½ ans et les seconds sont des jumeaux de 3½ ans). Pour l’un des jumeaux, jusqu’à l’âge de 3 ans, de fréquents étouffements (toux seulement) lors de l’alimentation étaient notés par la mère. Pour le plus jeune, des étouffements (toux seulement) sont notés lorsqu’il boit des liquides. Est-ce qu’il s’agit d’un signe clinique qu’on peut retrouver dans le cas d’une dyspraxie? À noter que les mouvements du mécanisme oral périphérique sont normaux.

Je vous remercie de l’attention que vous accordez à ma question. Je souhaite longue vie à votre site.

Caroline L orthophoniste

TRAVAIL PERCEPTION ET CORE VOCABULARY

Bonjour Line,

Je viens de suivre la formation que vous donnez sur la dyspraxie verbale.
Un grand merci pour votre disponibilité, votre expertise et votre partage d’expérience, cela nous est à tous très utile je pense.

J’aurais deux questions à vous poser, tant que tout cela est frais dans ma tête :

1. Connaissez-vous certaines tâches d’évaluations qui pourraient nous aider dans l’établissement du diagnostic différentiel trouble phono et dyspraxie verbale, même si ces aspects peuvent être interdépendants.(cfr tâches d’identification des contrastes phonologiques pour les phonèmes qui sont transformés, autre?…Avez-vous des exemples concrets de telles tâches autre que la simple discrimination phonologique de type pareil-pas pareil, un protocole éventuellement?)

2. Dans un souci d’approche fonctionnelle, j’aurais voulu en savoir davantage sur l’approche « core vocabulary » qui constituerait un noyau de vocabulaire de base en anglais et en français avec les phonèmes de l’inventaire dans chacune des langues. Où peut-on se procurer un tel outil en français? Doit-on se le constituer ou en existe-il un?

D’avance, un tout grand merci de prendre de votre temps pour nous répondre!

APPROCHES EFFICACES

Le 31 décembre 2011

Bonjour,

Tout d’abord, merci et bravo pour votre site; c’est une référence crédible (et un site visuellement attrayant) pour les familles. Voici mon interrogation…

Nous avons un garçon dyspraxique de 5 ans (au point de vue verbal seulement-du moins pour le moment. Il ira en maternelle en septembre, peut-être aurons-nous des surprises à ce moment). Nous croyons très fort en l’orthophonie et en l’ergothérapie et en faisons depuis 2 ans et demi déjà.

Par contre, nous aimerions savoir s’il existe des études sur des moyens dits alternatifs (ex : acupuncture, ostéopatie, etc.). La DNP a eu un effet positif sur notre fils; peut-être que d’autres canaux sensoriels pourraient également lui être utiles?
Merci,

Julie

PAROLE SIMULTANÉE

Le 12 décembre 2011 à 11 h 01 min

Bonjour,

Je voulais valider ce que vous entendez par « le travail en parole simultanée », est-ce que l’enfant produit la cible en même temps que moi? Aussi, pour l’identification de contrastes, avez-vous des petits trucs? J’ai déjà essayé avec lui d’identifier les mots où il entendait le son f, et cela était extrêmement difficile(j’avais une activité avec des images qui représentaient des mots commençant par f vs d’autres mots où il n’y avait pas de f ni de v, qui est trop semblable. J’ai aussi essayé sans image afin qu’il se concentre sur « écouter » les mots).

Également, une fois que le phonème est consolidé dans les mots isolés (l’enfant peut le produire dans différentes positions dans différentes structures syllabiques aussi), devons-nous poursuivre dans la même lignée qu’en rééducation des troubles phonologiques, soit en ajoutant un déterminant, puis une petite phrase figée, puis dans des phrases variées….? Bien entendu, il faut demeurer conscient de l’effet de l’allongement de la séquence..

Merci,

Julie

TRAVAIL VOYELLES NASALES

Le 28 juin 2012 à 14 h 39 min, Isabelle Meilleur a dit : Modifier

Bonjour,

Mes collègues orthophonistes et moi sommes embêtées en ce moment par plusieurs cas de jeunes dyspraxiques (5-6 ans) qui présentent une dénasalisation persistante des voyelles. La plupart de ces cas n’ont pas de difficulté de discrimination auditive et ont progressé de façon très positive en terme de complexité syllabique et de production des différentes consonnes, mais l’intelligibilité est encore très affectée par cette dénasalisation des voyelles. Nous aimerions bénéficier de votre expérience pour structurer notre intervention. Plus précisément nous aimerions connaître les indices que vous jugez les plus aidants et la progression thérapeutique que vous adoptez dans ces cas.

Un grand merci de nous faire partager toutes ces connaissances et de faire évoluer nos pratiques.

Isabelle M.

TRAITEMENT => TRAVAIL DE LA STRUCTURE SYLLABIQUE ET PHÉNOMÈNE ET SURGÉNÉRALISATION

Question de Julie
D’abord, un gros merci pour ce site et pour votre dévouement!

Je voulais savoir s’il était pertinent de travailler les structures syllabiques avec des non-mots. Je comprends qu’il est plus fonctionnel de travailler avec des mots. Par contre, quand il s’agit de se construire une banque de mots par type de structure et selon les sons qui sont déjà acquis par l’enfant…je trouve cela un peu compliqué. J’aimerais connaître votre opinion.

Également, je travaille avec un jeune enfant, 2 ans et demi, qui a une hypothèse de dyspraxie verbale. Un de mes objectifs est de travailler le son [f] dans des mots ayant des structures syllabiques différentes et dans des petites expressions fonctionnelles. Par contre, durant les activités, l’enfant surgénéralise le son, et met des « f » dans des mots qui n’en contiennent pas et qui d’habitude sont bien produits. Aussi, il est difficile d’introduire d’autres sons puisqu’il devient mélangé (ainsi, je ne travaille que le « f » et la précision des voyelles). Je crois que ça fait partie du processus d’apprentissage? Mais j’ai de la difficulté à le « corriger », et à lui faire comprendre que le son « f » ne se retrouve pas dans tous les mots. J’espère que je m’exprime clairement. Je sais qu’il est très jeune, mais qu’en pensez-vous?

Merci,

Julie


Réponse de Line Charron

Bonsoir Julie … j’imagine que vous êtes orthophoniste ?!

Alors ce que j’aurais tendance à te suggérer c‘est de ne pas te limiter qu’aux mots comportant les phonèmes acquis par l’enfant. Tu peux accepter les productions « approximatives » qui tiennent compte des patrons d’erreurs de l’enfant par exemple si ton objectif est le [f] en position initiale de bisyllabes tu pourrais prendre des mots comme « fini- famille- foulard- photo-fâché  » etc … si par exemple cet enfant ne produit pas de consonnes en position finale de mots tu peux accepter « foula » pour foulard – « fami »pour famille ou encore s’il produit le son [t] pour « ch » tu pourrais accepter « fâté » pour « fâché ».

Tu peux utiliser des non-mots davantage pour un travail sur la ‘flexibilité’ pour l’amener à développer ses habiletés motrices pour passer d’une syllabe à l’autre … ex fa + autre phonème(s) cible(s) en bisyllabes selon ton objectif.

CONCERNANT LA SURGÉNÉRALISATION … je te dirais que c’est féquent chez les enfants présentant des dyspraxies. Il faut dans ces cas demeurer prudente sur l’introduction de nouveau phonèmes. Prends ton temps pour en ajouter de nouveaux et assures-toi qu’ils sont bien consolider avant d’en ajouter d’autres.

Tu pourrais vérifier et faire si besoin des activités d’identification de contrastes entre les sons qu’il mélange pour t’assurer qu’il distingue bien les contrastes des sons cibles et aussi pour améliorer sa conscience phonologique afin qu’il anticipe des changements articulatoires.

Le travail en parole simultanée…en flexibilité (sous forme de jeu) pourraient aider…aussi dans le but de faciliter les changements articulatoires.

Autre idée…utilise une parole un peu ralentie lorsque tu veux qu’il t’imite, cela lui permettra de faire les mouvements plus lentement et de mieux contrôler et anticiper aussi les changements articulatoires de sa parole et peut-être ainsi faire moins de processus ‘d’harmonisation’ si commun dans les tableaux de dyspraxies verbales.

Voici donc quelques idées que je souhaite aidantes,
Ne te gênes pas si tu as besoin de plus de détails…
cordialement,
line

DIAGNOSTIC DE DYSPRAXIE

Question de Nathalie C

Bonjour,

J’ai un petit garçon de 2 1/2 ans. L’orthophoniste que nous avons consulté, pour le retard de langage de mon garçon, nous dit qu’il ferait de la dyspraxie verbale. Elle le suit maintenant au 2 semaines. Dois-je aller consulter un médecin pour une confirmation du diagnostic? Si oui, où dois-je aller? Je suis un peu dépasser pas les événements, pouvez-vous m’aider? Nous sommes de la région de Montréal.

Merci beaucoup.

Nathalie C


Réponse de Line Charron

Bonsoir Nathalie …
Alors tout d’abord c’est vraiment excellent que vous ayez consulté tôt et que vous puissiez avoir des services en orthophonie. L’intervention précoce est un facteur positif dans son pronostic.

Non, il n’est pas nécessaire de consulter le médecin. L’orthophoniste est la spécialiste qui diagnostique les troubles du langage et de la parole. Il arrive parfois que nous ayons besoin d’une consultation du médecin pour faire d’autres références pertinentes ou pour des examens complémentaires.

CONCERNANT le diagnostic ….Vous savez la dyspraxie verbale peut avoir différents niveau de sévérité, le pronostic est souvent positif avec de l’intervention. On ne peut pour l’instant à l’âge de votre garçon bien se positionner face à ses capacités futures. Plusieurs facteurs vont influencer son évolution : la présence de d’autres difficultés de développement, sa réponse au traitement, ses capacités d’apprentissage, son suivi orthophonique, etc vont influencer l’évolution. (VOIR QUESTION SUR PRONOSTIC PLUS HAUT)

Pour l’instant, Il importe de vous assurer que l’on utilise une bonne approche , basée sur les principes d’apprentissage moteur de type « stimulation intégrale / DTTC » (dynamic temporal and tactile cueing- bon vidéo de Ruth Stoeckel sur apraxia-kids.org) en combinaison avec une bonne stimulation linguistique des sons (voir article dans Glossa dans section lien- un peu compliqué pour une non orthophoniste mais contient quand même des informations pertinentes).

Alors ce sera certainement du travail … mais petit à petit votre enfant fera du progrès, ce sont souvent les débuts qui sont le plus difficiles mais après quelques mois de traitement votre enfant saura déjà mieux « comment » apprendre à réaliser les mouvements des sons avec sa bouche. De votre côté vous aurez plus d’informations sur ses capacités… Et avec de l’aide vous vous sentirez plus outiller pour l’aider aussi ….

Bonne Chance !!!! et surtout ne vous gênez pas de parler de vos questionnements à votre orthophoniste !!!

Merci et bravo pour votre implication !!!

line charron

Pour les Parents: Site sur la prévention des troubles du langage crée par la FNO (Fédération Nationale des orthophonistes-France)



La Fédération Nationale des Orthophonistes souhaite poursuivre sa mission de prévention auprès des parents de jeunes enfants et des professionnels de la petite enfance. Elle a créé ce site dédié à la prévention des troubles du langage. Il se veut aussi un outil dans la lutte contre l’illettrisme.

• Raconter l’histoire de l’émergence de la parole
• Montrer comment le partenariat se noue entre l’enfant et l’adulte
• Apporter des réponses
• Proposer documents et ressources
sont des missions de prévention que réalisent les orthophonistes dans leur exercice professionnel quotidien.

www.info-langage.org

le développement du langage chez les jeunes enfants

Voici un lien vers un article fort intéressant sur le développement du langage , vous y trouverez de l’information sur  le développement du langage, les signes de difficultés d’acquisition, comment apprendre au jeune enfant à parler et l’évaluation et le traitement des atteintes de la parole, etc… Bonne Lecture !

http://www.ccl-cca.ca/pdfs/ECLKC/bulletin/CSAJEBulletinLangage.pdf

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL ET INTERVENTION TRANSITIONS ARTICULATOIRES

Question de Caudine C.

Bonjour,

J’ai suivi la formation sur la dyspraxie avec Line Charron. Cette formation m’a été fort utile depuis. Je me permets de prendre qlq minutes de votre temps pour vous soumettre une problématique.

Depuis septembre2010, je vois un enfant de maternelle (5ans) qui vient d’avoir un diagnostic TED. A mon avis, les caractéristiques TED de cet enfant sont très légères. Il a par contre un gros trouble phono qui se caractérise par l’omission systématique de toutes les fricatives et du R (ex: sucon est produit uon, chauffé est produit aué etc).
Il y a également des transformations vocaliques mais qui sont constantes. Je ne suis pas certaine si je dois parler de dyspraxie compte tenu de la constance des processus. Par contre, je vois bien un certain tatonnement pour la production des phonèmes à l’isolé.

La mère travaille extrêmement fort. Elle a stimulé la production des phonèmes S, Z, F, et V (la production du trait de voisement n’a pas été facile).

A ma grande surprise, le transfert des acquis commence à se faire en conversation. Cet enfant m’impressionne pcq il est conscient de la présence de tous ces phonèmes qu’il arrive à anticiper. Par contre, il n’arrive pas du tout à produire le mot sans faire une coupure entre le phonème et la voyelle (ex: s erpent, pouss in). Ceci donne donc une production de phrase plutôt étrange!!!

Je n’arrive pas du tout à lui faire enchainer les fricatives avec la voyelle sans la coupure (les fins de mots sont bien sûr maintenant correctes). J’ai travaillé dans des syllabes simples, avec le support du geste etc… Avez-vous une autre solution???

un gros gros merci

Caudine C..
Orthophoniste
CSD…

Réponse de Line Charron

Bonjour Claudine,

1- Tout d’abord je vais tenter de répondre à ta première question à savoirà savoir comment déterminer si cet enfant présente une dyspraxie:
Pour cela je te référerais aux indicateurs de dyspraxie présenté lors de la formation et provenant de plusieurs auteurs américains (Velleman, Hammer, Strand, Bernthal, Flipsen et bien d’autres. On peut se référer à l’article dans Glossa aussi) en gardant en tête que les symptômes évoluent avec l’âge. Dans ce que tu écris le tâtonnement et la difficulté de transition d’un phonème à l’autre sont relativement typique de la dyspraxie verbale (DV). Les difficultés dans les transitions fait d’ailleurs partie des 3 indicateurs unanimement définis par les experts qui ont établi les lignes directrices de l’ASHA 2007 :
a-Erreurs inconstantes dans la production de la même syllabe ou du même mot (affectant les consonnes et les voyelles)
b-Allongement et/ou « coupures » des transitions d’un phonème ou d’une syllabe à l’autre
c-Prosodie inappropriée
J’ajouterais qu’il n’est pas nécessaire que TOUS les indicateurs soient présent au même moment.
Il pourrait être intéressant de fouiller les indices qui étaient présents en bas âge, soit dans les caractéristiques de ses productions ou dans l’histoire de développement.
Aussi étant donné l’interdépendance entre les aspects moteurs et plus purement phonologiques (linguistique) du phonème, il est loin d’être exclu que les deux composantes puissent être atteintes, donc important d’aller vérifier ces 2 aspects et les travailler selon les besoins.

2- Concernant la deuxième partie, l’acquisition de phonèmes :
Personnellement ça m’inquiète toujours un peu quand un enfant présentant une DV, acquiert très rapidement plusieurs phonèmes. Je m’explique…comme la difficulté principale chez l’enfant DV n’est pas l’acquisition de phonèmes (le phonotactique est plus atteint que le phonétique), mais de combiner ces phonèmes dans des mots (séquences de phonèmes et de syllabes), on recommande habituellement d’introduire prudemment les nouvelles cibles (phonèmes ou structure syllabiques) et de rapidement passer au travail dans les mots et les séquences de syllabes (Hammer, Bernthal, Flipsen etc…).
L’introduction de plusieurs nouveaux phonèmes peut être très difficile à gérer pour l’enfant DV. Il pourrait par exemple avoir PLUS de difficultés à savoir comment bien placer tous ces nouveaux sons dans les mots (ne met pas le bon phonème ou ne le met pas à la bonne place dans le mot), mêler les caractéristiques phonologiques de ces nouveaux sons, réaliser des placements articulatoires imprécis (ex. un « ch » entre le « s » et le « ch ») et ne pas améliorer nécessairement son intelligibilité… Si je ne me trompe, ça ne semble cependant pas être le cas de ton client.

3- Trucs pour travailler les transitions…Je te partage les miens…il y en a certainement d’autres :
– utiliser davantage l’intonation comme indice pour les transitions
– Travailler la cible en finale et tout de suite faire suivre d’une voyelle (ex. : la vaCHCH est belle, la vaCHCH est brune /va∫ԑbԑl/)=> la finale devient alors presqu’en position initiale….
– Travailler en reproduisant cette « coupure » dans les pratiques et en réduisant graduellement l’écart entre la consonne et la voyelle
– Allonger la fricative en relâchant/ouvrant doucement les articulateurs pour « accrocher » la voyelle( ex. : SSSSSSsssale)
– Essayer avec certaines voyelles facilitant la coarticulation (ex. : s+i, ch+o/ou,f+é)
– Récemment, j’ai réussi en utilisant l’indice de la DNP « ch », en faisant un long mouvement puis en transitant lentement vers la voyelle…

Si d’autres idées me viennent, je les ajouterai… tiens-nous au courant !!!
Bye!
Line Charron